Depuis quelques dizaines d'années il semble que la France se soit tournée vers la recherche de ses ancêtres. On peut se demander quelles sont les raisons de cet engouement ? Pourquoi se passionner ainsi pour le passé, plutôt que pour les brillantes découvertes de l'univers qui se présentent au monde des scientifiques ? Les familles ont consacré tellement d'efforts à la recherche de leurs racines que les archives de presque tous les départements français ont été amenées à verser leurs documents dans le pot commun d'internet... Une vaste forêt d'arbres généalogiques s'est développée et maintenant les sites présentent des millions d'actes tissant autant de liens entre nos familles. Sacrifions donc à cette tendance générale, en nous penchant, pour quelques instants, sur l'étude de la société de l'ancien régime si inégalitaire, comme nous l'ont appris nos manuels d'histoire. Au fait, était-elle si cloisonnée cette société ? Peut-être pas, si l'on en juge par la situation de quelques anciens notaires, bien établis dans leurs études ... J'en trouve neuf dans notre famille. Plus on a de notaires, plus on augmente les chances de trouver le mariage de l'un d'eux avec la cadette d'une noble famille ; c'est alors que la recherche généalogique commence !
Ainsi Maître Jean Tenand (1612-1669), Notaire à Montrottier dans le Rhône et Procureur d'office d'Albigny est l'un de nos ascendants. Il épousa Françoise de La Roche dont on ne sait a peu près rien, sinon que son père était Homme d'armes de la compagnie de Monsieur de Saint-Forgeux, entendez par là : Un seigneur d'Albon ; il fut capitaine d'une compagnie de 50 hommes et épousa Marthe d'Albon... Curieux, me direz-vous ! Ne disait-on pas à Lyon pour honorer quelque bourgeois qu'il était ... « riche comme Gadagne et noble comme d'Albon ».
L'aventure commence et l'on peut, grâce à internet, reconstruire l'arbre généalogique du Notaire. En quelques heures, nous rencontrons de bien puissantes familles que l'on met en place, j'allais écrire : dans les rangs et avec les titres qui leurs étaient rattachés... L'ordinateur calcule alors en quelques millièmes de secondes les branches patronymiques des ascendants du Notaire. On se limite à 21 générations ! Les ducs de Bourgogne (anciens), les familles de Mercoeur, de Montmorin relient ce Notaire au Roi Robert de France (970-1031). On trouve même un grand-père qui n'était autre que Damas de Semur (en Brionnais), le propre ascendant de Saint Hugues Abbé de Cluny, constructeur de Cluny III , quelle bénédiction ...
Les branches principales des ancêtres de Jean Tenand1. Branche de FRANCE : Hugues (dit Capet) duc des Francs et premier Roi (972-1031). Son fils Robert le Vieux, marié à Hélie de SEMUR, maison de Semur-en-Brionnais, est le fondateur de la première dynastie des ducs de BOURGOGNE. Alix, fille de Hugues III de BOURGOGNE et d'Alix de LORRAINE épousa Béraud de MERCOEUR, Vicomte de Gévaudan, dont une petite fille se maria à Hugues IV de MONTMORIN. Cette famille était une des plus anciennes d'Auvergne ; leur château aujourd'hui restauré par Henri Delaire se visite[1]. En 1476 Anne de MONTMORIN épousa Henry d'ALBON, seigneur de Curis et de Saint-Forgeux. Leur arrière petite fille Marthe épousa Benoit de LA ROCHE en 1581 ; ces derniers sont les grand-parents maternels du Notaire. 2. Les seigneurs de La Clayette : Dix générations issues de Jean de LESPINASSE, seigneur de La Clayette et de Clessy conduisent au mariage, en 1445, de Philippe, Dame du Châtelard avec Charles de MONTMORIN, lui-même issu de la branche des ancêtres de Jean Tenand, dont on a parlé au-paravant. 3. Les Dauphin-d'Auvergne : Robert IV de CLERMONT (1095-1145), Comte de Clermont épousa Marquise d'ALBON. Huit générations conduisent au Notaire. On retrouve dans cette branche d'ancêtres les BOURBON de Bourbon-l'Archambault, une autre branche portant le nom d'AUVERGNE, un mariage entre Guyot de CHALENÇON avec Isabeau (Dauphin) d'AUVERGNE, dont le fils Guillaume III épousa en 1349 Valpurge de POLIGNAC. 4. Les Vicomtes de Polignac : Onze générations issues du mariage en 1251 d'Armand V, vicomte de POLIGNAC avec Béatrice de MERCOEUR se succèdent jusqu'à Jeanne, gouvernante de la Reine Claude de FRANCE qui épousa en 1465 Jacques de TOURNON, Sénéchal d'Auvergne. Leur fille Jeanne épousa quant à elle en 1487 Jean d'URGEL de SAINT-PRIEST, baron de Saint-Chamon (1460-1535). Leur fille Gabrielle d'URGEL est la trisaïeule de Jean Tenand.
Que conclure de tout cela ?Nous sommes plus riches de quelques connaissances historiques, à la lecture des hauts faits des ancêtres de Maître Jean Tenand, l'un de ses ancêtres fut « hôte » du roi d'Angleterre à l'issue de la Bataille de Poitiers (1356), trois autres furent tués à Azincourt (1415), un autre le fut, plus tôt au siège de Saint-Jean-d'Acre (18 mai 1291). Quant à la descendance de ce Notaire, elle semble être fort nombreuse : 10 générations connues, avec probablement des cousins Chauffaillons, si l'on regarde bien sur internet ... et après avoir questionné quelques connaissances ...
Voilà une bonne raison pour nos amis du GRS de continuer à se passionner pour la généalogie en venant nous rencontrer, dans les locaux réservés aux cours d'informatique. Mais, nous ne garantissons pas à tous de telles découvertes... Bien que ? [1] Tel : 04.73.69.00.84, 63160 Montmorin, voir également l'article : « Un château sauvé de la ruine Montmorin en Basse-Auvergne, in :Moyen-Âge, bimestriel, Juillet-Août 2001, p 17-31 |